DON QUICHOTTE A L'HOTEL


Parfois nos erreurs peuvent nous aider à élargir notre conscience.
En observant différemment ce monde que nous jugeons parfois, nous pourrions peut être nous rendre compte des moulins que nous y projetons ?

Il y a de cela plusieurs années, je décidai de faire une surprise à la femme qui partage ma vie pour son anniversaire :
L’inviter à dîner puis passer une nuit dans un hôtel d’exception, à Barbizon, le village des peintres…
L’idée me vint spontanément lors d’une ballade avec mon chien dans la forêt de fontainebleau toute proche.
Tout heureux de ma trouvaille, je rentre donc dans le hall de l’hôtel, que j’avais choisi pour la réputation de sa table… je voulais le meilleur pour ma douce…bref, en tenue de promeneur, avec mon vieux pantalon de treillis militaire, mal rasé et mes cheveux longs de l’époque détachés, j’entre en aillant la curieuse impression de faire tache dans les locaux classieux de l’établissement.
Je demandai d’un ton hésitant : « je souhaiterais une table et une chambre pour mardi soir … »
La patronne du lieu me répondit qu’elle était complète et que pour mardi soir elle n’avait rien à me proposer.
Je repartis plus que déçu, la tête basse cherchant en désespoir de cause un autre lieu, c’est pourtant ici que je souhaitais inviter ma chère et tendre, ici et nulle part ailleurs !…
En rentrant chez moi, tenace et un peu têtu je décidai d’appeler l’hôtel tant désiré à nouveau, à ma grande surprise la femme que j’avais rencontrée deux heures plus tôt me dit qu’une chambre était libre.
A cet instant, je fus pris d’une étrange émotion, entre la joie et la colère, dans un état tremblant je me mit à dire à cette femme que j’étais venu la voir tout à l’heure , je lui reprochait de faire de la ségrégation du à mon apparence vestimentaire, comme par hasard elle avait une chambre alors qu’en me voyant elle n’avait rien à me proposer, je la pris de haut, étant quelque part intérieurement heureux de pouvoir tel Don Quichotte de la Mancha trouver un moulin a combattre.
La femme me répondit qu’une chambre s’était libérée quelques minutes avant mon appel, qu’il n’y avait aucun jugement d’apparence, de statut ou autre dans son établissement, puis irrité elle me raccrocha au nez.
Je restai sans voix, je venais de me prendre une gifle, que dis-je mon ego s’était pris une mornifle de chez mornifle. A cet instant je pu le voir, le reconnaître, le sentir, le palper même…Le masque était tombé.
Je le remercie, car il me permit de comprendre quelque chose d’important :
Il me permit de me rendre compte que c’était moi et moi seul qui avait créé l’illusion de la ségrégation, moi et moi seul qui avait jugé mon apparence, moi et moi seul qui m’était exclut d’une opportunité, d’un cadeau de la vie, d’une coïncidence aillant libéré une chambre pour moi la ou je la désirait tant.
Comprenant cela, je pris mon téléphone, rappela la patronne de l’hôtel et la pria de m’excuser pour la dangereuse illusion que j’avais bercée, elle, pour me montrer sa bonne fois et la vérité de ses propos me fit un très bon prix sur la chambre, m’accueilli le mardi soir avec beaucoup de joie et de sourires, elle se souvint de notre conversation et ensemble nous avons pu en rire.
Attention, attention !!!
Souvent notre seul ennemi est nous-même, si nous n’écoutons que les voix de notre mental conditionné par des clivages, des différences illusoires, nous nous coupons de la vastitude et de la magie de la vie et des cadeaux qu’elle nous offre.
C’est notre intellect altéré qui nous range dans des cases, dans des limites, en nous enfermant dans des dualités nous sommes tels des Batman névrosés cherchant frénétiquement leur Jocker pour avoir l’impression d’exister, tels Don Quichotte assaillant les moulins.
Ainsi nous nous accrochons à nos propres idées limitées ou adhérons à des causes nous paraissant justes et pourtant toutes plus futiles les unes que les autres.
La cause la plus noble est en nous et elle consiste à mettre en lumière nos propres névroses et les dangereuses illusions duelles que nous projetons dans ce que nous nommons la réalité de nos vies.
En plongeant dans la profondeur de notre inconscient et en dansant avec les cadeaux merveilleux des hasards de la vie, nous pourrons faire des certitudes d’hier un fumier fertile pour les fleurs d’idées de demain. Ce sont ces mêmes fleurs qui parfumeront et coloreront le monde qui vient.
L.V

Commentaires